Rencontre avec Erick Zonca et Lou de Fanget Signolet (“Fleuve noir”)
En décembre 2018, Backstory organisait sa toute première rencontre, avec Erick Zonca. Dans la lumière hivernale de la verrière du Centre Culturel du CROUS, le cinéaste et sa co-auteure Lou de Fanget Signolet ont partagé deux heures durant leurs expériences. Expériences riches en conseils, qu’ils ont généreusement délivrés au fur et à mesure d’une rencontre particulièrement chaleureuse.
Erick Zonca, dans l’esprit du public, rime avec La vie rêvée des anges. César du meilleur film en 1999, ce premier long métrage le propulse sur le devant de la scène. S’ensuivront des productions françaises, américaines mais aussi des fictions télévisées et des publicités. Parmi ces multiples travaux, Fleuve Noir, son dernier film coécrit avec Lou de Fanget Signolet. C’est d’ailleurs cette jeune cinéaste qui porte actuellement le futur projet du binôme, Erick Zonca endossant le rôle de coscénariste pour l’occasion.
S’il fallait retenir un élément marquant de cette rencontre, s’imposerait alors la relation particulière que le réalisateur entretient avec ses collaboratrices. En effet, ses coscénaristes ne sont pas cantonner à l’écriture, elles interviennent également au tournage pour donner leur avis ; apporter un regard neuf sur une œuvre qu’elles maitrisent.
Pour Erick Zonca, un réalisateur a besoin d’alliés sur un plateau ; qui d’autre que le scénariste pour être ce précieux soutien ? Une synergie nécessaire à la création, et qui est réciproque dans d’autres circonstances. Ainsi, sur le long métrage en développement de Lou de Fanget Signolet, c’est Erick Zonca qui porte le costume du conseiller extérieur.
A l’instar de ces rapports qui lui tiennent à cœur, le cinéaste nous a exposé une vision humble et passionné de son travail. Celle d’un homme au parcours sinueux et semé d’embûches, mais qui garde foi en la richesse des collaborations humaines.
Malgré cela, les difficultés rencontrées pour produire ses films nuancent le regard qu’il pose sur l’industrie du cinéma. « Les producteurs, aujourd’hui, sortent tous d’écoles de commerce » lâche-t-il dans un soupir. Selon lui, l’aspect financier domine l’artistique, à tel point que le cinéaste n’entrevoit plus de lumière à l’horizon. Serait-ce devenu compliqué de faire des films innovants ? A l’écouter, la réponse est claire : l’argent rentre trop en ligne de compte, au détriment de considérations purement créatives.
La seule éclaircie viendrait des séries d’après lui : c’est d’ailleurs ce format qu’il va expérimenter très prochainement, avec Tilda Swinton. L’actrice de Julia, une de ses fidèles amies. Finalement, une nouvelle collaboration à l’image de Zonca : un beau projet se fait avec les gens qu’on aime.
Jeanne Daniel et Vincent Feldman